Le jeu de mots comme tous les jeux, est une invitation à s’affranchir du connu en s’essayant personnellement à autre
chose.
• Le jeu n’est pas qu’un produit découverte, une façon d’impliquer dans un mode participatif ou un objet passe temps transactionnel, il est une posture incontournable de l’exercice du consultant comme de la prise de décision de l’élu.
Le jeu est trop sérieux pour qu’on le cantonne à sa dimension récréative.
Le jeu est une pratique répondant à la nécessité de se donner du champ, de se « libérer du connu » (Krishnamurti), de s’essayer à du neuf.
Plus notre contexte semble s’assombrir et limiter notre marge de manœuvre, plus il est important de se donner du champ
libre.
On ne sera donc pas étonné que Champ Libre Consultants, dans son ambition d’être créateur de richesse (cf notre newsletter estivale), consacre sa newsletter hivernale à l’importance
du jeu comme posture renouvelant le champ des possibles dans un monde contraint.
• Le jeu met le Je au pouvoir.
Nos contemporains sont noyés sous l’information, la télévision nous assomme, les faits divers du bout du monde deviennent l’alpha et l’omega des actualités que
nous subissons. Et la multiplication des jeux télévisuels semble nous cantonner à nous distraire de l’essentiel.
Le jeu a pourtant l’insigne avantage de mobiliser chacun, de transformer le spectateur en acteur… sans toujours le laisser être auteur !
Susciter la participation a ses règles d’or.
Nous utilisons le jeu d’abord pour sa vertu participative : on commence par prendre en main ses cartes, fussent elles standardisées. Et rien ne remplace ce
moment apparemment anodin où le spectateur d’une réunion se saisit d’une information pour annoncer sa couleur, fut ce en trichant (une façon de s’approprier les règles en somme).
• Le jeu à somme nulle, c’est nul !
Le présent nous enferme dans des choix cornéliens où toute décision budgétaire semble irrémédiablement induire l’abandon d’autres voies prometteuses, tout choix se
traduisant avant tout par ses victimes. Dans les ornières des petits conflits hérités de l’histoire locale, il est urgent de prendre du recul et de la hauteur pour rechercher le point de vue dans
lequel chacun se sentira grandi par la perspective commune. Le référencement de situations analogues ailleurs (le bench mark à la mode
du marketing contemporain) est souvent le moyen de prendre du champ.
• Redistribuer les cartes de l’avenir.
Le second temps de l’appropriation est donc celui des perspectives d’avenir : ce qui n’est pas possible aujourd’hui peut le devenir demain et il faut se
donner le bon horizon temporel et géographique pour retrouver une marge de manœuvre qui semblait inexistante.
Redistribuer les cartes, c’est se permettre d’envisager les choses sous un angle différent de l’intérêt à agir qui borne notre quotidien, s’essayer à de nouvelles
postures.
• L’expression du Je facilitée par le jeu.
La médiation de la carte à jouer ou de l’objet transactionnel aide à instituer ce dialogue nécessaire avec une façon de voir différente, ce que le jeu de
rôle incarne parfaitement : en endossant le costume du héros inavouable, je m’essaye à de nouvelles postures, fut ce par la médiation d’un écran d’ordinateur ou de smart phone.
Une fois posée devant soi, la carte du tarot divinatoire acquiert une existence propre permettant de formuler en dehors de soi ce qui fait l’objet de débat
intime inavouable. Il en va de même des prises de parole en public surtout pour tous ceux dont ce n’est pas le métier : la médiation d’un objet facilite
• Les dés ne sont pas jetés à l’avance.
Le recours à l’aléatoire a ses vertus : les associations d’idées qui découlent du hasard ont pour vertu de n’être préméditées par personne, elles sont donc non
suspectes de manipulation. Nous utilisons les ressorts de « la chance » dans les remues méninges organisés dans nos séminaires créatifs qui stimulent le redéploiement des cartes de
l’avenir,
• La hiérarchisation des voies.
Une fois formalisées hors de soi, même les idées les plus dérangeantes restent abordables, ne serait ce que pour mieux les écarter d’un commun accord sans que
cela soit imputable à un tel ou un tel.
Le décompte des voix ouvre la voie à la hiérarchisation des champs du possible.
• Raisonner de concert des associations improbables d’idées, de talents, de saveurs, c’est la vertu
des démarches qui adoptent la posture du jeu.
Or dans notre monde menacé par la banalisation d’une offre dont tout avantage concurrentiel se standardise très vite, c’est dans l’articulation de l’identité
singulière des territoires avec la réponse à l’attente de visiteurs appréhendés dans leur diversité que l’on peut reconquérir une certaine marge de manœuvre concurrentielle.
Il faut donc savoir s’autoriser les mariages les plus improbables, ceux qui associent singularité à voir et expérience à vivre, qui recourent au paradoxe pour
interpeler, qui conjuguent les saveurs inédites (redécouvrir les saveurs), et se servent du sensible pour accéder au sens quand toute notre éducation nous a éduqué à la priorité du sens et
de l’architecture des sens (la primauté de la raison) sur le sensible.
Au bout du compte, le jeu a à voir avec ce que l’on attend des vacances : faire le vide bien sur (vacare en latin), mais pour faire le plein et se recréer, une
récréation féconde en somme de tous les possibles qu’elle réveille.
Le jeu a encore de beaux jours devant lui avec nous, osez le champ libre !
Jean Michel Grard
Maîtres du Rêve
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